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Les Sifflants
Notes


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LE PEUPLE DES SIFFLANTS
PHOTOGRAPHIE DE MARC PHILIPIPIN

Située aux confins de la région du grand canal Panatlantique du royaume de Talasy, la tribu des Sifflants ne compte plus que quelques habitants. Vivant au coeur d’une forêt épaisse et luxuriante, ce peuple indigène semblait vivre en harmonie avec son environnement. La grande forêt sacrée du Panados les avait probablement protégé jusqu’à aujourd’hui des ravages de la modernité. Leurs us et coutumes nous sont encore inconnus, leur culture s’apparente au premier abord à celle des Oiyony, peuple indigène de chasseurs-cueilleurs vivant à 50 km en amont du grand fleuve. La survie de ces habitants est aujourd’hui menacée par la pollution des eaux du fleuve Kan qui traverse le territoire des Sifflants. C’est à Antonin Kaditch, pêcheur et chercheur d’or occasionnel, que l’on doit la découverte exceptionnelle de cette tribu encore inconnue du grand public. Ayant rapporté sa rencontre à son ami peintre et photographe Marc Philippin, ils entreprennent tout deux une expédition exploratoire en 2016 afin d’aller à la rencontre de ce peuple mystérieux qui communique à travers la forêt en sifflant comme des oiseaux. En effet, l’une des particularités de ce peuple, c’est leur capacité exceptionnelle de communication avec les oiseaux. Ils imitent à la perfection tous les chants des oiseaux des grandes forêts de Talasy. Certains affirment qu’ils ne font pas qu'imiter les chants des volatiles, mais qu’ils dialoguent réellement avec eux. Le fait qu’une partie de leur langage soit partiellement ou entièrement sifflée nous fait penser, à juste titre, qu’ils ont développé une sensibilité particulière à cette forme de langage chanté. La plupart ont des oiseaux comme animal de compagnie: ceux-ci ne craignent pas les hommes et semble faire partie de cette tribu au même titre que tout autre individu des Sifflants. Certaines cérémonies observées font penser qu’ils s’unissent symboliquement à certaines espèces d’oiseaux qu’ils nomment les Palatchas. Cette forme de mariage entre l’homme et l’animal donne parfois naissance à d’étranges divinités vivantes ayant la silhouette gracile d’une femme à tête d’oiseau.

« Ce fût en même temps effrayant et fascinant de découvrir des créatures vivantes ressemblant étrangement à des divinités égyptiennes comme ce prince Horus au visage de faucon. Se sont pour la plupart des écorchés vifs, qui dégagent une force mystérieuse et une douceur naturelle qui force le respect. Le fleuve drague dans ses eaux un nombre considérable de déchets de toutes sortes dont ils se servent pour leur usage quotidien et, aujourd’hui, il n’est pas rare de voire les femmes de la tribu des Sifflants s’emparer de résidus de plastique pour en faire de magnifiques parures ou des sous-vêtements à l’érotisme troublant, comme s'il s’agissait d’une étoffe rare et précieuse. Ils ont l’audace de l’innocence et n'ont pas conscience que ces déchets qu’ils prennent pour des trésors venus des eaux sacrées du Kan, ne sont en fait que les traces d’une pollution à grande échelle qui les menace et dont ils ignorent tout. » rapporte Marc Philippin dans son carnet de notes.

Les photos réunies dans cette exposition témoignent de l’urgence à considérer ces habitants comme les gardiens de la grande forêt sacrée du Panados. Les Sifflants disparaissent lentement, victimes du comportement insensé de notre système et mode de vie toxiques qui infecte les régions les plus reculées de notre globe et accentue la lente agonie de la diversité des espèces, des cultures et des civilisations.


Extrait sonore capturé lors de l'expédition de 2016



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